The Pretty Seeds...
Jusqu'alors complètement inconnus des plus zélés dénicheurs d'obscurités sixties, ce n'est qu'en 2002 que les morceaux de Public Nuisance apparurent pour la première fois sur un double CD.
Pourquoi cette déflagration si tardive ? Des bandes perdues ou oubliées ça et là dans de multiples studios et pour le compte de divers labels et puis cette tragique histoire dont le groupe fera les frais et qui contribuera aussi à sa manière à précipiter la fin des swinging sixties : Public Nuisance signe sur Equinox, label de Terry Melcher, -producteur des Byrds et de Paul Revere and the Raiders- et enregistre un album. Or, c'est chez le producteur absent qu'eut lieu l'ignoble massacre de Sharon Tate et ses amis*. Melcher ne se remettra jamais totalement de cet horrible épisode et avec lui son label qui périclite. De nouveau sans maison de disques, le groupe se dissout.
C'est donc grâce à cette compilation que l'on découvre les 28 chansons - j'ai bien dit 28 chansons -enregistrées entre 66 et 69 par le groupe. Public Nuisance enterre - mais alors d'une force ! - les trois quarts des groupes sortis sur les compilations «Nuggets», «Peebles» ou autres «Back from the Grave» et par la qualité de ces morceaux n'est absolument pas réservé aux seuls fans de garage mais s'adresse à tout fan de pop sixties.
Il suffit d'écouter "Man From The Backwoods" ou "Hold On", la stupéfiante montée sur le second couplet de "Holy Man", la production sans âge de "Going Nowhere", la superbe ballade "7 to 10", l'hypnotisant "I Am Going". Ils ont même enregistré selon moi la meilleure cover de "I'm Only Sleeping". Se partageant le chant en lead comme dans les plus grands groupes de cette période, le groupe mêle freakbeat, pop psych et garage, à l'aise sur tous les tempos, les refrains sont énormes, les morceaux parfois agrémentés d'un clavecin, d'orgue, d'harmonica ou encore de thérémine, le tout avec de superbes harmonies vocales.
Holy Man
Time Can't Wait
Hold On
*Pour ceux que cette histoire intéresse, lire l'incroyable version que rapporte Truman Capote dans son recueil de nouvelles « Musique pour Caméléons » : « Et tout est parti de là » (p.255). Révoltant et absurde.