Parrain de l'industrie musicale, Morris Levy a signé, avec son label Tiger Lily (filiale de Roulette Records), une des plus belles pages de l’escroquerie fiscale. Le modus operandi était simple. Le label utilisait, dans le plus grand secret, des bandes de démonstration ou des enregistrements perdus de studios, pressait quelques dizaines d’exemplaires tout en faisant croire à l’administration fiscale que les albums n’avaient pas rencontré le succès escompté. Les invendus étaient déclarés détruits et le label affichait des pertes financières colossales, profitant à la maison-mère.
Ce stratagème s'est révélé efficace sur la période 76 – 77 et s’est accompagné de la sortie d’une soixante d’albums dont certains sont devenus de véritables collectors (l’album de Stonewall en premier lieu).
L’album de Bill Rinehart a vu le jour dans cet imbroglio « musico-fiscal ». En 2012 (année d’achat de ce disque), le nom de Bill Rinehart m’était franchement inconnu, pourtant je connaissais The Leaves et leur fameuse reprise de « Hey Joe ». Par la suite, Bill a été un compagnon de route de Gene Clark sur son premier album post-Byrds « Gene Clark With The Gosdin Brothers », a participé à l’aventure Merry-Go-Round avec Emitt Rhodes et a enregistré un fantastique 45t sous l’étiquette The Common Cold, sous forte influence Beatles… pour ne citer que ses principales contributions à la "pop music".
D’après Tom Sandford (« Clarkophile » et « Byrdologist »), cet album « Dynamite » aurait été conçu sur les cendres de son album éponyme avorté de 1973, qui devait sortir sur Mums Records, succursale de Columbia. A l’écoute de ces neuf titres, on a l’impression que Tiger Lily a donné vie à un album inachevé qui hésite entre pop et blues rock californien. Les titres pop sont les grandes réussites de ce disque, « Loving Words » en tête. Mention spéciale également pour la composition la plus explosive de l’album: « Dragon Fly ».